Jean de La Fontaine, célèbre fabuliste français du XVIIe siècle, a marqué la littérature mondiale avec ses fables intemporelles. Parmi celles-ci, "L'Aigle et la Pie" offre une réflexion profonde sur la nature humaine à travers une allégorie mettant en scène des animaux anthropomorphisés. Dans cet article, nous proposons une analyse approfondie de cette fable, accompagnée des résultats détaillés fournis par le compteur de mots.
L'aigle, Reine des airs, avec Margot la Pie,
Différentes d'humeur, de langage et d'esprit,
Et d'habit,
Traversaient un bout de prairie.
Le hasard les assemble en un coin détourné.
L'Agasse eut peur ; mais l'Aigle, ayant fort bien dîné,
La rassure, et lui dit : Allons de compagnie.
Si le Maître des Dieux assez souvent s'ennuie,
Lui qui gouverne l'univers,
J'en puis bien faire autant, moi qu'on sait qui le sers.
Entretenez-moi donc, et sans cérémonie.
Caquet bon-bec alors de jaser au plus dru,
Sur ceci, sur cela, sur tout. L'homme d'Horace,
Disant le bien, le mal à travers champs, n'eût su
Ce qu'en fait de babil y savait notre Agasse.
Elle offre d'avertir de tout ce qui se passe,
Sautant, allant de place en place,
Bon espion, Dieu sait. Son offre ayant déplu,
L'Aigle lui dit tout en colère :
Ne quittez point votre séjour,
Caquet bon-bec, mamie : adieu ; je n'ai que faire
D'une babillarde à ma cour ;
C'est un fort méchant caractère.
Margot ne demandait pas mieux.
Ce n'est pas ce qu'on croit, que d'entrer chez les Dieux ;
Cet honneur a souvent de mortelles angoisses.
Rediseurs, Espions, gens à l'air gracieux,
Au coeur tout différent, s'y rendent odieux,
Quoique ainsi que la Pie il faille dans ces lieux
Porter habit de deux paroisses.
La fable débute en présentant deux personnages contrastés : l'Aigle, symbole de majesté et de puissance, et Margot la Pie, représentant la ruse et la frivolité. La rencontre fortuite entre ces deux êtres dans une prairie éloignée déclenche un dialogue surprenant, où l'Aigle, ayant récemment festiné, invite la Pie à le divertir en échange de sa compagnie. Cependant, lorsque l'Agasse, une tierce partie, offre ses services d'espionne à l'Aigle, celui-ci rejette cette proposition avec colère, démontrant ainsi son mépris envers les individus malintentionnés et superficiels.
La fable se conclut sur une leçon morale implicite, soulignant les conséquences néfastes de fréquenter des personnes de mauvaise réputation. La mise en garde de l'Aigle contre les "mortelles angoisses" qui accompagnent l'entrée chez les Dieux rappelle que la compagnie d'individus malintentionnés peut conduire à des situations périlleuses, même dans les milieux les plus prestigieux.
La fable se compose de 54 vers et se divise en trois parties distinctes :
La Fontaine utilise un style simple et direct, accessible à tous. Cependant, ce style cache une grande richesse stylistique. On trouve notamment des personnifications, des métaphores, des comparaisons et des antithèses. Ces figures de style permettent de donner vie aux personnages, de rendre le message plus accessible et de créer un univers poétique et symbolique.
Le rythme de la fable est également important. La Fontaine utilise des vers octosyllabiques, qui donnent à la fable une certaine légèreté et fluidité. Le vocabulaire est précis et choisi avec soin. La Fontaine utilise des mots simples, mais aussi des termes plus savants, qui contribuent à la richesse de la fable.
La fable "L'Aigle et la Pie" a été publiée en 1678 dans le livre XII des Fables de La Fontaine. Cette période correspond au règne de Louis XIV, époque marquée par un certain classicisme et une importance accrue accordée à la morale et à la bienséance. La Fontaine s'inscrit dans ce contexte tout en le subvertissant par son humour et sa finesse d'esprit.
La fable s'inspire d'une tradition littéraire ancienne, notamment des fables d'Esope et de Phèdre. La Fontaine s'approprie ces sources et les enrichit de sa propre vision du monde et de son talent de conteur.
Le XVIIe siècle en France est marqué par une période de transition et de contrastes. D'un côté, on observe l'apogée de la monarchie absolue sous le règne de Louis XIV, avec un développement important de la culture et des arts. De l'autre côté, la société française est profondément inégalitaire, avec une grande majorité de la population vivant dans la pauvreté et la misère.
Dans ce contexte, les valeurs dominantes de la société française du XVIIe siècle sont la hiérarchie, l'ordre et la bienséance. La place de chaque individu est définie par sa naissance et son rang social, et la respectabilité est considérée comme une vertu essentielle. Les préoccupations de l'époque tournent autour de la religion, de la politique, de la guerre et de la survie quotidienne.
La fable "L'Aigle et la Pie" peut être lue comme un reflet des valeurs et des préoccupations de la société française du XVIIe siècle.
La fable "L'Aigle et la Pie" peut être comparée et contrastée avec d'autres fables de La Fontaine, comme "Le Lion et le Rat" ou "Le Loup et l'Agneau". On retrouve dans ces fables des thèmes similaires, tels que l'importance de la justice, le danger de la flatterie et la nécessité de choisir ses amis avec soin. La fable "L'Aigle et la Pie" peut également être comparée à des fables d'autres auteurs, comme Esope ou Phèdre. On retrouve dans ces fables des personnages et des situations similaires, mais le traitement des thèmes est souvent différent. La Fontaine se distingue par son humour, sa finesse d'esprit et sa capacité à donner une dimension humaine aux animaux.
Les mots les plus fréquents dans le texte incluent "tout", "aigle", "bien", "agasse", "place", "bonbec", "caquet", "sait", "faire", "souvent", "dieux", "fort", "ayant", "offre", "habit", et "margot".
Les couples de mots les plus fréquents sont "la pie" et "lui dit", reflétant la nature dialogique de la fable.
"L'Aigle et la Pie" est une fable riche en enseignements. Elle nous invite à réfléchir à l'importance de choisir ses compagnons avec soin et à cultiver des valeurs telles que la sincérité et la loyauté. La fable est également un avertissement contre les dangers de la flatterie et de la duplicité.